lundi 28 novembre 2016

Entres hommes - German Maggiori

Un polar noir et poisseux comme une mauvaise gomina, dopé à la testostérone, qui frise la non-fiction et ne ressemble à aucun autre, Germán Maggiori s'étant affranchi de toute influence.
Quatre parties rythmées en petits chapitres, chacun recelant son propre monde, affichent une société en décomposition, une galerie de personnages détestables, des flics aux méthodes nazies, des truands épouvantables, des prostitué(e)s, des notables pervers et ces villas miserias, les quartiers les plus démunis de la banlieue de Buenos Aires, au lendemain de la crise économique, cloaque abject où les anges sont exclusivement exterminateurs : dans un univers sans rédemption possible, l'auteur sonde les âmes les plus noires dans les bas-fonds argentins, avec un causticisme et une violence inouïs, dans un style époustouflant et une écriture foudroyante. Un régal d'obscur machisme où le lecteur monte sur le ring et prend une mémorable dérouillée.
Germán Maggiori s'inscrit sans conteste dans cette génération d'écrivains argentins qui s'interrogent sur les crises récentes du pays, et confirme le polar dans son rôle dénonciateur d'une corruption généralisée des élites et des institutions, rendant les classes les plus pauvres encore plus exposées aux prédateurs, puisqu'ils recrutent là où il n'y a plus rien à perdre. 

Photo : Alicia Busso

[PHIL]

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