jeudi 13 septembre 2018

Afrique du Sud, Cape Town - Table Moutain

 


Au sommet de Table Mountain, le mont qui surplombe Cape Town, accessible en téléphérique. De là on aperçoit toute la ville, le pic Lion's Head et Robben Island où Mandela fut gardé prisonnier. 

 

 



mardi 11 septembre 2018

IL N'Y A PAS DE PETITS GENOCIDES


     
 
Entendrons-nous ce génocide-là ? Resterons-nous sourds parce qu'il nous faudrait faire des choix prioritaires médiatiques dans l'horreur ? Qu'est-ce que le génocide en cours des autochtones Wayuus aurait de moins que les autres pour ne pas être connu ? Quel est ce silence ? Si certaines exterminations mobilisent les consciences collectives ou individuelles et d'autres non, est-ce pour une question d'échelle de sensibilité, de chiffres pas assez ronflants, d'émotion moins palpable ?

Il y a des génocides silencieux. Ce n'est pas faute pour les Wayuus de hurler le leur depuis plus de trente ans. Ils ne sont plus que 500.000 aujourd'hui, concentrés au nord de la Colombie. Ce peuple est menacé de disparition selon une volonté programmée. Parce que les Wayuus ont un tort essentiel : ils sont là, dans la province de Guajira, et ils se battent pour leurs droits, leur territoire et leur mode de vie. L'Organisation Nationale Indigène de Colombie ne cesse de dénoncer ce génocide, mais rien, absolument rien. Très peu se mobilise. Personne ne s'en offusque : ce peuple est petit, son génocide est petit. Les Wayuus deviennent minoritaires sur leur propre terre, ils auront disparu d'ici vingt ans : extermination mineure, lente et peu spectaculaire. Le génocide Wayuu ne possède pas la bonne rhétorique : insuffisamment grandiose pour heurter nos consciences tant accoutumées à l'abject. Pour nous interpeler, il faut du sensass, du gros chiffre immédiat apte à faire du tapage aux enchères internationales des crimes contre l'humanité.

Résumons l'affaire : les Wayuus vivent sur un territoire très riche en minerais et tirent leur subsistance des rivières (pêche, agriculture, eau domestique). Massacrés par les propriétaires terriens de Droite, ils sont également empoisonnés par les petits orpailleurs (souvent de Gauche), déportés ou tués par les milices anti gouvernementales de Gauche, les milices d'extrême Droite, l'armée (de Droite Conservatrice), les cartels de la drogue (Sociaux-Démocrates) et enfin les multinationales minières (de Droite Libérale). 800 Wayuus ont trouvé refuge et assistance au Venezuela il y a quelques années. 


 

Droite, Extrême Droite, Gauche, Chavez. On saisit vite le malaise à s'intéresser aux Wayuus et les étiquettes qui risqueraient de nous coller au train. Parce que nous voulons bien choisir le camp des opprimés à condition que cela ne nuise pas à notre image sociale et au confort de notre sofa. Nous voulons du binaire rassembleur, du camp facile à choisir, une corde sensible qui vibre politiquement correct, une colère partagée qui nous flatte en toute sécurité. Parce qu'on veut bien se révolter contre un génocide à condition qu'il soigne efficacement notre propre angoisse occidentale de vivre. Dénoncer la mort des autres, oui, mais à condition qu'elle nous soit profitable, fertilisant notre imaginaire et ébranlant nos émotions ; dénoncer le crime, oui, s'il nous permet de survivre à nos petites folies intérieures. Autrement dit un génocide n'est notable que s'il contient notre faire-valoir. Pour le vampiriser, nous exigeons de lui un flot de sang chaud spectaculaire, immédiat et massif.

Les barrages, les massacres, la pollution irrémédiable des ressources en eau et les maladies induites, la violence armée (extermination de villages entiers), les déportations oeuvrent à la disparition irrémédiable du peuple Wayuu. Quasiment personne ne prend de photos ou ne filme avec son portable pour faire le buzz : l'extermination des Wayuus ne sera jamais reine d'un jour. Pourtant 14.000 enfants ont été assassinés ces cinq dernières années, plus de 3.000 adultes par an se font dessouder, le reste meurt de faim, de soif, de maladie, de pollution et de déportation dans des zones ou leur survie est impossible ; ce qui arrange les affaires d'un gouvernement colombien impavide, assujetti aux multinationales minières exploitant la région (les filiales de Xstrata Glencore financent les milices qui se chargent du problème Wayuu). Bref, pas de quoi produire un livre, un documentaire ou un spectacle à succès en terre occidentale : pas assez rentable ce massacre.

Parce qu'il n'existe aucun classement de valeur chez l'être humain il n'y a pas de grand ou de petit génocide : aucun qualificatif ne peut l'accompagner puisqu'un génocide, dans sa singularité, ne contient que lui-même. Au-delà de la disparition programmée des Wayuus, ce qui me désespère est notre capacité à nous en foutre, à faire un tri, comme dans un jeu des 7 familles : dans la famille génocide Juif, je voudrais la Shoah en 3D, bonne pioche, dans la famille génocide Tutsis, je voudrais

l'émotion médiatique, bonne pioche ; cette émotion omniprésente qui se soustrait au raisonnement et permet paradoxalement de se forger une opinion, voire un engagement depuis son canapé, avec la perception comme argument et le débat comme interdiction. Comme si les génocides étaient empilables, au gré d'un apitoiement à géométrie variable, comme s'il suffisait de les raconter puis de se réfugier dans les commémorations, au lieu de les analyser, d'en débattre, de les juger, les punir et enfin les comprendre pour ensuite faire œuvre de mémoire et à l'avenir les empêcher.

Et les Wayuus ? Hors jeu, mauvaise pioche. Tant pis pour eux. Ils ne meurent pas en reportage à hauteur de millions, ce seuil fatidique du million, chiffre sacré de la rhétorique médiatique qui met notre offuscation dans les starting-blocks et classe les génocides dans un hit-parade. Tant pis pour les Wayuus, ils étaient seulement 500.000. Seulement. Silence donc.

(Photos : le peuple Wayuu par Nicolò Filippo Rosso - Stories Buried In Coal)

PHIL

Afrique du Sud - Bo-Kaap

Le Malay Quarter (Bo-Kaap) est un quartier musulman tranquille et pimpant où les habitants, descendants d'esclaves importés de Malaisie, d'Indonésie et d'Inde, ont été parqués en 1950 au moment des lois d'apartheid. A l'origine, toutes les maisons étaient blanches et leurs habitants locataires. Devenus propriétaires à force de travail, les Musulmans ont peint leur maison de couleur vive, indiquant là leur nouveau statut. On est tous bienvenus dans la plus ancienne mosquée de l'hémisphère Sud et la cuisine de Bo-Kaap est réputée l'une des meilleures du Cap. Le quartier devenu très touristique se partage entre musulmans et chrétiens (installés depuis la fin de l'apartheid en 1994, ce qui a fait grimper les prix de l'immobilier). 


 

jeudi 6 septembre 2018

Afrique du Sud, Cape Town

Hier, à l'approche de Cape Town. Au loin Table Moutain et Signal Hill, le pic à sa droite où la ville s'adosse. On dit que Cape Town est le plus beau bout du monde. C'est en tout cas la ville la plus sympa de SudAf avec Kalk Bay et Hermanus (à mon humble avis).  


 

dimanche 2 septembre 2018

Archipel de Glénan. Du bleu, du sable, des rochers. Des dauphins, des sternes, des voiliers et du calme. De la lenteur.
Je ne veux pas rentrer, c'est aussi incompréhensible que de revenir volontairement en prison à la fin d'une permission de sortie. J'en ai la certitude aujourd'hui : je suis faite pour les congés payés.

[SOPH]


 

 

  Céline, ce capitaine Haddock surclassé Je ne déteste pas L. F. Céline, encore moins pour les étiquettes qu'à raison on lui colle, je ...