mardi 29 septembre 2020

CLIK - Félix Beltran

 


Affiche de Félix Beltran (Cuba) - CLIK - "Économie d'électricité signifie économie de pétrole". Superbe exemple du style fonctionnel de Beltrán, graphiste formé à New York au début des années 60.  [SOPH]

lundi 28 septembre 2020

Pedro Luis Raota (photographe) : l’ombre pour dire la lumière

Le photographe argentin Pedro Luis Raota recourt à un style unique, très personnel pour dire l’inquiétude de la vie. Ses photographies, où l’ombre anxieuse sert d’écrin à une lumière primale et sûre d’elle, capturent le pathétique, la joie, l’impuissance, le traumatisme avec une clarté intellectuelle et une sensibilité inouïes. Quoiqu’il nous donne à voir, l’œil de Pedro Luis Raota ne se départit jamais de son humanité ou de sa tendresse. C’est tout simplement magistral.  [SOPH] 

 

 

 

 

 



dimanche 27 septembre 2020

Apoutsiak, mon héros

 

Mon premier livre, tout premier, lu toute seule à 6 ans et demi comme une grande. Je me souviens avoir rêvé être Apoutsiak, rêvé avoir sa vie, son harpon, son traineau, son chien, sa liberté. Apoutsiak était mon héros. 

6 mois plus tard, j'étais en Islande et je prenais l'avion pour l'Amérique. J'ai survolé le Groenland, la banquise de cristal brisé, si transparente sur la mer depuis le ciel, puis cette blancheur crémeuse à perte de vue comme dans le livre. Je n'ai jamais rien vu de plus beau. Et j'ai vu Apoutsiak, je l'ai vu, je vous le jure. Il était là, dans mes yeux d'enfant émerveillé. 

Ce livre n'est pas un livre, c'est mon livre.  [SOPH]

samedi 26 septembre 2020

Hija de la laguna

HIJA DE LA LAGUNA - Superbe documentaire péruvien d'Ernesto Cabellos, plusieurs fois primé, sur la destruction des lacs et des sources des Andes par les multinationales minières, véritable désastre humain et écologique.

"Ils ne demandent rien, ils ne nous demandent rien".

Documentaire complet sur Facebook : https://www.facebook.com/Colectivo-defensores-del-agua-y-la-vida-503292230112350/videos/documental-hija-de-la-laguna/657279491662604/

[PHIL]


mardi 22 septembre 2020

Les Cahiers de Malte Laurids Brigge - Rainer Maria RILKE

Malte Laurids Brigge, jeune intellectuel aristocrate danois, presque anonyme, sans fortune, aspire à écrire et arrive à Paris, y cherchant salut et inspiration. Notant au fil des jours ses remarques dans un carnet, Malte met à l'épreuve son devenir d'écrivain, sa recherche poétique et sa quête d'identité, tout en tentant de ne pas se diluer complétement dans le chaos urbain de la modernité, attentif à ses failles comme à ses révélations.
Unique entreprise romanesque de Rainer Maria Rilke, cette oeuvre à part, novatrice, follement séduisante, à la frontière du roman et de la méditation poétique, est un ensemble de cahiers où, dans une mutation infinie du sujet et du monde, se mêlent dissections des sens, transfiguration lyrique, géographie urbaine et immersion dans l'histoire de la poésie.

Rilke n'a de cesse de marquer la conscience du lecteur en semant la confusion : le récit discontinu, suite de fragments, côtoie une dissolution du personnage de Malte, tout en superposant à cette diffraction un monde poétique aux formes éblouissantes, ou rien n'est défini ni définitif.
Cette ambivalence génère une tension donnant au texte toute son énergie, opposant un personnage central impuissant, malgré une introspection soutenue, à accomplir sa mutation littéraire, à un roman dont la forme innovante, elle, a réussi toutes les transformations. Rilke saborde ainsi le procédé traditionnel littéraire pour mieux nous parler de modernité.

Véritable hymne composé à la marge des êtres et à la frontière des choses, ce roman moderniste à la forme intimiste se retire au seuil de la modernité pour mieux en expérimenter le sens et les contours perméables. Rilke y diagnostique les moeurs propres au monde moderne urbain (Paris), où les images et les sens se multiplient frénétiquement en signes traitres et artificiels, et interroge la place de l'homme dans ces nouveaux modes d'existence. L'auteur, par le biais de la sensibilité et du regard de Malte, dessine une expérience négative de l'ère moderne et du progrès, où la quête de savoir et d'identité affronte la ville, l'écriture et la mort. Menaçant l'identité, la cité se révèle périlleuse autant pour la sphère intime que pour la singularité et l'unicité de Malte : elle multiplie tout, diffracte tout, quand Malte a tant besoin de se concentrer en un point singulier et transformer cette introspection en expérience d'écriture, écrire étant le seul moyen de combattre spirituellement et physiquement les signes trompeurs de la modernité. Il s'agit donc de conjurer la confrontation avec le réel, source de remise en cause et de tourment, pour se reconstruire par l'écriture : surmonter le fiasco pour le muer en accomplissement.

C'est aussi une quête esthétique transmutée en quête d'un absolu exempt de concept et de définition, niant toute limite, jouant avec l'espace-temps dans un monde subjectivement ré-agencé. Bouleversement de l'ordre du monde, bouleversement du langage, du corps, des espaces, des temporalités : rien n'est permanent, toute frontière est celle de la peur, tout refuge réside dans l'indiscernable.

C'est enfin une quête morale de l'homme moderne (morale dont la consistance est incarnée par l'écriture, vectrice de vérité) oeuvrant à sauver l'âme des démons urbains, puisque pour Malte, et donc pour Rilke, écrire et vivre ne sont qu'un : l'écriture n'est pas artifice moderne mais possibilité d'existence et de continuité dans un modernisme discontinu.
L'auteur nous enjoint donc par le biais de l'écriture à expérimenter par nous-même l'espace moderne et mouvant du monde grâce à l'espace moderne et mouvant de ce roman.

"J'apprends à voir. Je ne sais pas pourquoi, tout pénètre en moi plus profondément, et ne demeure pas où, jusqu'ici, cela prenait toujours fin. J'ai un intérieur que j'ignorais. Tout y va désormais. Je ne sais pas ce qui s'y passe." 

https://www.babelio.com/livres/Rilke-Les-Cahiers-de-Malte-Laurids-Brigge/10282/critiques/2361215

http://madrugada.canalblog.com/archives/2020/09/22/38549034.html 

PHIL

lundi 21 septembre 2020

Le Banquet de Severo Arcángelo (Argentine) : le grand topos baroque de Leopoldo Marechal

 

 

Péroniste militant, Leopoldo Marechal se mue selon lui en "poète destitué" à la suite de la chute de Péron en 1955. le Banquet de Severo Arcángelo, son deuxième roman, connaît un succès inespéré et apporte à son auteur une nouvelle célébrité
.
Cette oeuvre fantastique traite de l'attente d'un banquet offert à des élus par une sorte de démiurge, en une eschatologie grotesque et énigmatique, tout en faisant la part belle à l'ésotérisme et à l'alchimie.
Comme dans l'ensemble de son oeuvre, Leopoldo Marechal manie la satire et l'humour, la tradition et la modernité, le lyrique et l'épique, le tout dominé par le topos baroque du grand théâtre du monde et la présence de dieu.
C'est inattendu, original, parfois déconcertant, mais toujours prenant. 

https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/58736 

https://www.babelio.com/livres/Marechal-Le-Banquet-de-Severo-Arcngelo/1260395/critiques/2360142

PHIL

dimanche 20 septembre 2020

KANT A MOI – Film : Les Derniers jours d'Emmanuel Kant - Philippe Collin (1996)

 


S'appuyant sur le livre culte de Thomas de Quincey et d'une fidélité absolue à la pensée de l'auteur et à sa thèse, Philippe Collin signe une œuvre cinématographique en noir et blanc enchanteresse, taillée comme un jardin à la française, d'une âpreté folle, doublée d'une intelligence et d'une rigueur hallucinantes. 

A l'instar de Thomas de Quincey dans son ouvrage, il s'interroge sur l'inéluctable mortalité de l'intelligence humaine, aussi divinement élevée soit elle : celle de Kant. Collin se penche avec une minutie d'horloger sur sa décrépitude avec, comme de Quincey, une tendresse inouïe, s'attardant sur les obsessions quasi pathologiques d'un vieillard luttant jusqu'à son dernier souffle pour réfléchir, encore réfléchir, en une suite de tableaux quotidiens rythmés par les défaillances du philosophe allemand jusqu'à sa dernière promenade, allégorie de son destin mortel. La mort à l'œuvre s'acharne à mettre à l'épreuve de l'existence  la philosophie Kantienne, livrant pour toute réponse une absence finale où tout se dérobe en un instant : plus rien, personne, seulement un sentier vide et le chant des oiseaux que le philosophe de Königsberg affectionnait tant. C'est brillant, austère et fascinant.

SOPH

samedi 19 septembre 2020

PORTRAIT DE CLASSE - Tobias WOLFF

 

Années 60, collège privé huppé pour garçons de la Nouvelle Angleterre, où on y voue un véritable culte élitiste à la littérature autour de visites régulières d'écrivains de renom. Un concours littéraire va attiser les pires passions des étudiants, les trahisons, les hypocrisies, les tricheries et les renoncements. Disséquée par Tobias Wolff, l'âme juvénile est tordue d'avance, tandis que les écrivains, débutants comme confirmés, sont plus souvent mégalomanes que talentueux, plus carriéristes qu'ambitieux, plus imbus de reconnaissance que de dignité.
C'est brillant, souvent drôle et presque toujours caustique. L'auteur égratigne au passage la romancière et philosophe Ayn Rand (cela se comprend aisément : Wolff a fait le Vietnam, et durement, il en est revenu encore plus lucide, désabusé mais jamais, au grand jamais déshumanisé. Ayn Rand a fait tous les salons chics de la business class de la City, elle en est revenue shootée, très élégante d'un point de vue vestimentaire et ultralibérale).

Une oeuvre ironique sur la création littéraire autant que sur l'éthique même si la littérature reste pour Wolff une voie de discernement et d'émancipation : il fait le distinguo entre cet art et l'écrivain, son ironie s'adressant à ce dernier, surtout quand l'écrivain s'identifie à une élite sociale et intellectuelle.
Si l'oeuvre de Wolff s'inscrit dans le mouvement du Kmart realism, comme Raymond Carver, (leurs personnages à tous deux connaissent rarement des instants épiphaniques), alors Wolff est une carte au trésor et Carver est le trésor, demeurant l'indétrônable saint-patron de ce mouvement.

(PHIL)

Préparation...

 Quand Phil mourra, il faudra préparer Dieu psychologiquement. (SOPH)

 



MOTHERWELL

 


Abstract expressionism was the first American art that was filled with anger as well as beauty.

Robert MOTHERWELL

- Photo Ugo Mulas. 

(PHIL)

 


 

  Céline, ce capitaine Haddock surclassé Je ne déteste pas L. F. Céline, encore moins pour les étiquettes qu'à raison on lui colle, je ...