Roberto Arlt
dans ce roman visionnaire saisit un monde fracassé et menacé par le
totalitarisme avec une énergie hallucinante et une écriture oralisée et
accidentée décoiffante. Ce récit nocturne, expressionniste, satanique
mais sans Satan, oscille entre vices sociaux et perversions
individuelles.
Sublimant le ressentiment social,Arlt fait preuve d'une extrême lucidité pour décrire le totalitarisme et la
nature pathologique des messianismes autoritaires. Dans un style d'une
frénésie impuissante, Arlt
met en scène des personnages velléitaires aspirant à détruire une
société aussi abjecte qu'hypocrite, tout en assumant leurs actes les
plus transgressifs.
Tout y est dérangeant autant qu'hétérogène, véritable gifle mêlant la
technique cyclothymique du feuilleton, une narration diffractée assurée
occasionnellement par un commentateur à l'identité mal déterminée,
l'analyse de conscience à la Dostoïevski et un langage piégé entre préciosité et vulgarité.
Paru en 1929, ce roman vertigineux, d'une originalité inouïe, est une
noire et géniale prophétie d'une Amérique Latine à la dérive.
PHIL
Lu également. ta critique est pertinente, merci pote.
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