lundi 28 novembre 2016

Entres hommes - German Maggiori

Un polar noir et poisseux comme une mauvaise gomina, dopé à la testostérone, qui frise la non-fiction et ne ressemble à aucun autre, Germán Maggiori s'étant affranchi de toute influence.
Quatre parties rythmées en petits chapitres, chacun recelant son propre monde, affichent une société en décomposition, une galerie de personnages détestables, des flics aux méthodes nazies, des truands épouvantables, des prostitué(e)s, des notables pervers et ces villas miserias, les quartiers les plus démunis de la banlieue de Buenos Aires, au lendemain de la crise économique, cloaque abject où les anges sont exclusivement exterminateurs : dans un univers sans rédemption possible, l'auteur sonde les âmes les plus noires dans les bas-fonds argentins, avec un causticisme et une violence inouïs, dans un style époustouflant et une écriture foudroyante. Un régal d'obscur machisme où le lecteur monte sur le ring et prend une mémorable dérouillée.
Germán Maggiori s'inscrit sans conteste dans cette génération d'écrivains argentins qui s'interrogent sur les crises récentes du pays, et confirme le polar dans son rôle dénonciateur d'une corruption généralisée des élites et des institutions, rendant les classes les plus pauvres encore plus exposées aux prédateurs, puisqu'ils recrutent là où il n'y a plus rien à perdre. 

Photo : Alicia Busso

[PHIL]

samedi 26 novembre 2016

Pourquoi le monde est-il mathématique ? - John D. Barrow

 

Le langage commun à tous les scientifiques pour décrire le monde est mathématique. Or ce langage est d'une efficacité étonnante (cf. Eugene Wigner et « La déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences de la nature »). John D. Barrow expose dans ce livre, qui introduit à la philosophie des mathématiques contemporaines, sa thèse pour expliquer cet accord entre réel et mathématiques. 

Après un rappel historique du nombre et des mathématiques, Barrow propose d'abord d'étudier la nature des mathématiques selon les thèses philosophiques de l'empirisme, du formalisme, du réalisme et de l'intuitionnisme, thèses qu'il va soumettre à critique. Barrow développe ensuite sa propre thèse : les lois physiques sont à l'image des réductions algorithmiques des observations. Si les mathématiques sont le langage de l'abréviation des suites, elles s'appliquent donc par nature au réel. Puisqu'il est algorithmiquement réductible, ce réel, le monde, est mathématique. Le réel n'obéit plus à un schéma géométrique à décrire mais comme un programme informatique qu'il s'agit de décoder.

D'une part, ce que Barrow ne questionne pas est qui produit le langage mathématique : ce langage existe-t-il en dehors de l'homme, préexistant à lui, inscrit dans la nature et nous le lisons pour la comprendre, ou bien est-ce que les mathématiques sont une pure création de l'esprit humain servant à décrire efficacement la nature ? D'autre part, il n'aborde pas la question de l'existence physique qui ne serait pas différente de l'existence mathématique et qui expliquerait son efficacité pour décrire le monde. Or, ce réalisme structurel universel ferait de nous des entités mathématiques.

PHIL 

La Mala Hora - Gabriel Garcia Márquez

Mala hora, c'est la magie des indices semés par Gabriel Garcia Marquez : sans l'énoncer clairement, l'auteur évoque un nouveau gouvernement, reprenant les arguments des partis d'opposition de 1955, sous l'ère équivoque de Rojas Pinilla, époque à laquelle Gabriel Garcia Marquez a dû s'exiler pour raisons politiques.
 

C'est encore la magie climatique, présente dans toute son oeuvre, ici la chaleur est un véritable protagoniste alourdissant l'apathie mentale des villageois. De nouveau la magie avec un quotidien où la temporalité semble élastique et la splendeur exotique démystifiée par une vérité tropicale prosaïque et comme au ralenti. Magie encore avec cette quête des sens cachés que l'auteur glisse dans l'atmosphère de ce roman : signe avant coureur, malaise, non-dit, atmosphère hypocrite, oppression latente. 

L'auteur interroge avec inquiétude les hommes de son pays, leurs intentions véritables, qui sont les collaborateurs, les bourreaux, les rebelles et les bien-pensants.
Magie enfin du titre : Mala hora, qui porte traditionnellement en elle, sur ce continent latino-américain, tous les mauvais présages, l'heure qui annonce, comme dans les tableaux d'Armando Menocal, un malheur imminent, la mort d'une célébrité, la chute d'un régime, la fin d'une rébellion, la reddition d'une armée : l'heure maudite.

SOPH

jeudi 24 novembre 2016

LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D'AMOUR - Luis SEPULVEDA

Dédié entre autre à son ami Chico Mendès, ce livre de Luis Sepulveda sème une suite d'anecdotes poétiques dont le ventre est la selva amazonienne, avec un vieux pour protagoniste central, posé sur un équateur géographique, symbole de partition. Car tout dans ce livre est féroce division : intérêt et désintérêt, exploitation et respect d'une harmonie naturelle, fidélité et trahison, vivant amour et mort violente. 

Au-delà de ce déséquilibre binaire, presque manichéen, Luis Sepulveda pose avec son protagoniste lecteur de romans d'amour des questions plus larges, que l‘on retrouve dans le sillage de nombres de ses livres : est-il possible d'être civilisé, libre et de comprendre une nature dont on s'est arraché sans sacrifier son éthique ? Peut-on revenir vers cette nature sans trahir ni ses idéaux civilisés, ni les idéaux naturels de ceux qui vivent avec cette nature ? Est-on condamné à éliminer ou exploiter, ou encore interdire au nom du bien commun ? 

Luis Sepulveda ne tranche pas : la seule piste qu'il propose n'est pas de choisir un camp mais de suivre des yeux les empreintes de la dignité humaine.  

SOPH

Le vieux qui lisait des romans d'amour - Luis Sepúlveda

Dédié entre autre à son ami Chico Mendès, ce livre de Luis Sepulveda sème une suite d'anecdotes poétiques dont le ventre est la selva amazonienne, avec un vieux pour protagoniste central, posé sur un équateur géographique, symbole de partition. Car tout dans ce livre est féroce division : intérêt et désintérêt, exploitation et respect d'une harmonie naturelle, fidélité et trahison, vivant amour et mort violente. Au-delà de ce déséquilibre binaire, presque manichéen, Luis Sepulveda pose avec son protagoniste lecteur de romans d'amour des questions plus larges, que l‘on retrouve dans le sillage de nombres de ses livres : est-il possible d'être civilisé, libre et de comprendre une nature dont on s'est arraché sans sacrifier son éthique ? Peut-on revenir vers cette nature sans trahir ni ses idéaux civilisés, ni les idéaux naturels de ceux qui vivent avec cette nature ? Est-on condamné à éliminer ou exploiter, ou encore interdire au nom du bien commun ? Luis Sepulveda ne tranche pas : la seule piste qu'il propose n'est pas de choisir un camp mais de suivre des yeux les empreintes de la dignité humaine.  [SOPH]

Photo : João Luis Bulcão

mercredi 23 novembre 2016

LA GREVE DES ELECTEURS - Octave MIRBEAU

 

Délicieusement anarchistes, les propos d'Octave Mirbeau sont un redoutable plaidoyer contre la grande transhumance des élections. Ce brûlot corrosif se veut un éveil voire un réveil des consciences face à la grande manipulation de l'appel à l'urne. A chaque farce électorale, la léthargie démocratique et l'arnaque politique des puissants s'enchâssent confortablement dans une cérémonie citoyenne grégaire qui les légitimise pour se résumer à ce cynique constat : voter, c'est être un esclave qui choisit ses maîtres. 

PHIL

lundi 21 novembre 2016

LE PELERIN - Fernando PESSOA

 

Oeuvre ésotérique inachevée et c'est finalement heureux : Pessoa n'impose jamais rien mais au contraire laisse toute ouverture. Construit comme un chemin prophétique, celui du pèlerin, Pessoa trace un axe rituel où, à l'instar d'une fable spirituelle, son personnage, jusqu'ici tranquille, va s'éveiller pour basculer dans "l'intranquillité", entamer un voyage à la poursuite d'un mystérieux Homme en noir ; soumis aux tentations de ce monde, celles qui immobilisent, il s'agira pour lui de se dépouiller de tout ce qui l'empêche de suivre sa route. 


Pessoa joue avec la métaphysique dans un style d'une fluidité exemplaire, en quête d'une abstraction lumineuse proche de celle de cette Kabbale qui murmure : fais-moi l'espace d'un chas d'aiguille et j'y ferai entrer la lumière. Sortir de notre léthargie, régner sur nous-mêmes, croire comme on doit cheminer, ou lire ou écrire un livre : sans intermédiaire. 

SOPH

DEMAIN SERA UN AUTRE JOUR - Juan Carlos ONETTI

 

Dès les années trente naît, en Amérique latine, une nouvelle littérature issue d'un espace socio-économique neuf : la grande ville, accaparée par une haute bourgeoisie, concentrant réfugiés, exilés, étrangers, paysans sans terre, marginaux et hors la loi.
Si Roberto Arlt scrute les bas-fonds et ses exclus absolus de Buenos Aires, avec une énergie atomique, la conclusion de cette dissection menant à la folie et la dépossession de soi, Juan Carlos Onetti décortique ici magistralement les mêmes recalés sociaux, mais à Montevideo. 


Dans une écriture lapidaire et élégante, Onetti aborde la déshumanisation des exclus et des marginaux en une série de quinze nouvelles, où la décadence gangrène les âmes, les coeurs et les destinées : une humanité autant anéantie par la vie que par le recours au rêve. Eternelle voie sans issue.


Juan Carlos Onetti n'est pourtant pas pessimiste, mais déconcerté et inquiet. Et fasciné de cette inquiétude. Onetti disait : ma littérature est une littérature de bonté. En effet, sous le cynisme et la vénalité de ses personnages aux défaites interchangeables, pointe la compassion d'un auteur toujours en quête d'une « écriture innocente », subjective, où les liens tissés entre auteur, narrateur et personnages sont étonnamment emmêlés de complexité : Onetti est décoiffant. 

SOPH

Demain sera un autre jour - Juan Carlos Onetti

Dès les années trente naît, en Amérique latine, une nouvelle littérature issue d'un espace socio-économique neuf : la grande ville, accaparée par une haute bourgeoisie, concentrant réfugiés, exilés, étrangers, paysans sans terre, marginaux et hors la loi.
Si Roberto Arlt scrute les bas-fonds et ses exclus absolus de Buenos Aires, avec une énergie atomique, la conclusion de cette dissection menant à la folie et la dépossession de soi, Juan Carlos Onetti décortique ici magistralement les mêmes recalés sociaux, mais à Montevideo.
Dans une écriture lapidaire et élégante, Onetti aborde la déshumanisation des exclus et des marginaux en une série de quinze nouvelles, où la décadence gangrène les âmes, les coeurs et les destinées : une humanité autant anéantie par la vie que par le recours au rêve. Eternelle voie sans issue.
Juan Carlos Onetti n'est pourtant pas pessimiste, mais déconcerté et inquiet. Et fasciné de cette inquiétude. Onetti disait : ma littérature est une littérature de bonté. En effet, sous le cynisme et la vénalité de ses personnages aux défaites interchangeables, pointe la compassion d'un auteur toujours en quête d'une « écriture innocente », subjective, où les liens tissés entre auteur, narrateur et personnages sont étonnamment emmêlés de complexité : Onetti est décoiffant. 

Photo : Tenis,Niños, documental, fotoperiodismo,, Montevideo, Uruguay Imagen & Foto de carlosamerigo

[SOPH]

 

samedi 12 novembre 2016

Dostoïevski lit Hegel en Sibérie et fond en larmes de László F. Földényi

 

Bel essai philosophique de László Földenyi. Le conceptualiste allemand Hegel, dans sa Leçon sur la Philosophie de l'Histoire, dénie à Dostoïevski sa place dans le temps des hommes en excluant le non-lieu sibérien de la marche historique du monde. Mais Hegel ne peut se résumer qu'à cette vision d'un philosophe rationnel de l'Histoire, sa thèse se veut aussi universelle. Ce qui est intéressant c'est le changement opéré chez l'auteur russe après son expérience sibérienne et sa découverte des ouvrages de Hegel : Dostoïevski, à l'instar de ses personnages, se révèlera imprévisible, passionné, tourmenté et contradictoire. 
 
 
PHIL

samedi 5 novembre 2016


  

« Certains gestes deviennent redoutables dans la solitude parce qu'ils acquièrent une valeur finale. Quand un homme tombe et qu'il est tout seul dans un champ, il ne sait pas à qui dédier sa chute. »

 
Etrange livre d’une errance initiatique, lente et mesurée. Lispector joue sur l’ambigüité permanente des paysages comme de ses personnages. Elle dissèque les pulsions et les non-dits à la manière du nouveau roman brésilien. Une œuvre de patience pour l’auteur comme pour le lecteur mais le style introspectif et les choix lexicaux sont aussi beaux que déroutants.

PHIL

https://www.babelio.com/livres/Lispector-Le-Batisseur-de-ruines/36510/critiques/1182332 

La proximité de la mer : une anthologie de 99 poèmes - Jorge Luis BORGES


 

C'est par le poème que Borges entamera et finira son oeuvre. La proximité de la mer est un recueil d'une magie murmurée, une poésie coquillage où la proximité des mots se grave sur le sable. Une révélation en attente qui donne à l'esthétique de Borges élans vibratoires, plaisir palpable, méditative saveur, tigres et couteaux, quelques labyrinthes et force miroirs, là où la mer compte moins que son approche. Deviner ses rivages. 

PHIL

vendredi 4 novembre 2016

Lettre d'une inconnue - Stefan ZWEIG

  
« Mais j'ai aimé ».
Voici comment pourrait commencer et terminer ce livre bouleversant, ce cri déchirant, tragique, dédié au sentiment amoureux. Pas n'importe lequel, celui de l'amour à sens unique, qui n'a rien demandé et n'a rien en retour, l'amour absolu.

Une femme aime un homme, un homme qui ne l'aime pas. Elle confesse alors, dans une correspondance belle et délicate comme une dentelle de Calais, la naissance de cet amour et la passion corrosive qui s'en suivra.
Telles des perles fines s'échappant d'un collier, la narratrice dévoile, à chacune de ses lettres, cet amour infini qui sublime sa vie. Elle aime jusqu'à la folie, d'un amour total, jusqu'à l'abandon d'elle-même, un écrivain viennois cynique, égoïste, séducteur et inconsistant. Etre une parmi tant d'autres. Simple objet, elle est sa victime consentante, dévorée, tourmentée, malmenée, oubliée, sacrifiée : un diamant brut qu'il se refuse de tailler. A l'inverse, lui, le vaporeux amant de toutes, caricature de verroterie, est un véritable sujet, par la simple force de cet amour obsessionnel, un sujet unique, humanisé par la seule volonté d'une femme égarée d'amour.

Dans cet ouragan sentimental dévastateur, c'est elle qui est libre, digne, debout. Elle choisit d'aimer, choisit cet homme-là, cet humain-là, le reconnaît parce qu'elle le veut, lui, lui seul. Elle aime l'aimer, y prenant un plaisir fiévreux, en est comblée, vivante et humaine à l'extrême. L'amour qui n'attend rien en échange, se donnant sans prix, sans condition de retour, se libère de toute contrainte et construit sa propre éternité : il a raison de tout. de ce sentiment éperdu, désintéressé, qui se suffit à lui-même tant il est grandiose, elle en sera lumineuse comme la plus pure des pierres précieuses, transcendée, victorieuse parce qu'immortelle et universelle. - PHIL
  





 

SALONE - Laurent LD BONNET

 

SALONE est d'abord un bel objet. Trop rares sont les vrais choix de papier pour imprimer un livre, alors SALONE est un livre beau qui s'estime entre les doigts comme on reconnaît un tissu de lin marocain à sa trame et un lamé au chuintement de son soyeux.
Pour entrer dans le monde de SALONE, il nous faudra tourner la première page noir perlé pour marcher vers la lumière de cette envoûtante scène à ciel ouvert : la Sierra Leone, Salone en langue krio, et y suivre les traces d'une écriture dense et tendue comme la peau d'un tambour. "Gladys aimait les matins de l'océan à marée basse, quand il l'accueillait, elle, les deux pieds enfoncés dans le sable de la nuit, avec ce roulement feutré du ressac qui n'appartient qu'à l'aube et aux petites heures qu'elle enfante."
C'est dans l'obscurité de cette première page noir-de-gris que Laurent Bonnet a trempé la platine de sa plume, à la fois Mallat n°12 et ornementale à réservoir Léonardt : pour griffer la ronde, saigner la bâtarde, enjôler l'anglaise, ordonner la droite et enfin dessiner. "Londres, printemps 2003. Un soleil blanc se hissait au dessus du fleuve et morcelait les derniers lambeaux de brume agrippés aux arches de Batterson Bridge. Au loin, sous l'assaut de la lumière, les tours sentinelles de Chelsea Gardening frappaient le ciel, glaives orangés magnifiques qui, le soir à contre-jour, se transformaient en sinistres vigies."

SALONE est un superbe récit romanesque, quasi géologique. Strate après strate, Laurent Bonnet entrecroise les destins, l'histoire impitoyable de la Sierra Leone, les personnages que l'on devine bien réels, la fresque de leurs engagements ou de leurs fuites, le bas-relief des guerres comme des drames, des cupidités comme des déchirures, des renoncements comme des convictions, dans un tourbillon littéraire qui ne nous lâche jamais. "A proximité, deux corps, immobilisés dans des positions grossières, gisaient sur la plage. Un ballon noir et blanc, poussé par la brise, roulait en bordure du ressac."
Du paysage grandeur nature à la sanglante densité historique des remous africains coloniaux et post coloniaux, Laurent Bonnet nous trame une épopée tout en brodant les destinées particulières des hommes : roman mais aussi témoignage, conte mais aussi documentaire, sur un pays dont on parle trop peu ; les événements s'entrechoquent quand les destinées se nouent, s'emmêlent et se détissent, dans une moiteur tropicale obsédante, c'est magistralement mené.

Ode à plusieurs voix, SALONE nous martèle, presque en sourdine, une mélopée qui se refuse à la résignation et donne à entendre la volonté farouche de garder la foi, une dédicace au malgré tout, malgré eux, malgré ça, malgré nous : un hommage à l'humain et ses contradictions déchirantes, ses amours, ses amitiés, ses erreurs, ses absurdités, ses obéissances et ses trahisons, à son impuissance aussi, face aux turpitudes de ce monde.

SALONE est également un discret filigrane, dédié à l'écriture, à ses impératifs et ses lacérations, où l'auteur distille ses convictions intimes imprimées en taille-douce sur chaque page : "quand on exhume les racines et que l'on parvient à dépeindre le tronc et les branches, on a beaucoup de mal à raconter le feuillage qui brûle".
Enfin, SALONE est une écriture. Un ton de conteur et de passeur, un style aérien et pourtant tellurique, presque plutonique parce que magmatique et formé en profondeur. Précise, travaillée, rythmée, émouvante, ne nous libérant qu'à l'ultime page noir perlé, cette griffe haletante et aventurière, comme une poussiéreuse piste rouge sang, est passionnément humaniste.

Alors SALONE et ces deux mots : aventure humaine. Pas navigateur pour rien, l'animal. SALONE n'est pas un premier roman, c'est un roman premier.  

http://www.laurentbonnet.eu/pages/salone.html 

SOPH & PHIL

  Céline, ce capitaine Haddock surclassé Je ne déteste pas L. F. Céline, encore moins pour les étiquettes qu'à raison on lui colle, je ...