vendredi 4 novembre 2016

Lettre d'une inconnue - Stefan ZWEIG

  
« Mais j'ai aimé ».
Voici comment pourrait commencer et terminer ce livre bouleversant, ce cri déchirant, tragique, dédié au sentiment amoureux. Pas n'importe lequel, celui de l'amour à sens unique, qui n'a rien demandé et n'a rien en retour, l'amour absolu.

Une femme aime un homme, un homme qui ne l'aime pas. Elle confesse alors, dans une correspondance belle et délicate comme une dentelle de Calais, la naissance de cet amour et la passion corrosive qui s'en suivra.
Telles des perles fines s'échappant d'un collier, la narratrice dévoile, à chacune de ses lettres, cet amour infini qui sublime sa vie. Elle aime jusqu'à la folie, d'un amour total, jusqu'à l'abandon d'elle-même, un écrivain viennois cynique, égoïste, séducteur et inconsistant. Etre une parmi tant d'autres. Simple objet, elle est sa victime consentante, dévorée, tourmentée, malmenée, oubliée, sacrifiée : un diamant brut qu'il se refuse de tailler. A l'inverse, lui, le vaporeux amant de toutes, caricature de verroterie, est un véritable sujet, par la simple force de cet amour obsessionnel, un sujet unique, humanisé par la seule volonté d'une femme égarée d'amour.

Dans cet ouragan sentimental dévastateur, c'est elle qui est libre, digne, debout. Elle choisit d'aimer, choisit cet homme-là, cet humain-là, le reconnaît parce qu'elle le veut, lui, lui seul. Elle aime l'aimer, y prenant un plaisir fiévreux, en est comblée, vivante et humaine à l'extrême. L'amour qui n'attend rien en échange, se donnant sans prix, sans condition de retour, se libère de toute contrainte et construit sa propre éternité : il a raison de tout. de ce sentiment éperdu, désintéressé, qui se suffit à lui-même tant il est grandiose, elle en sera lumineuse comme la plus pure des pierres précieuses, transcendée, victorieuse parce qu'immortelle et universelle. - PHIL
  





 

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