lundi 20 septembre 2021

Heinrich HEINE "La contrebande que je porte avec moi, c’est dans ma tête que je la cache"

ALLEMAGNE, UN CONTE D'HIVER

1842, Heinrich Heine revient. Treize ans d'exil loin de l'Allemagne et ce retour aux sources pour dire toute la complexité de la relation entre les juifs et ce pays qui leur a permis de donner toute leur mesure culturelle, intellectuelle, littéraire, musicale, philosophique, économique… Mais pas seulement. Heine voit plus large et plus loin.

Dans un temps suspendu entre Paris et Hambourg, Heinrich Heine y déroule un poème épique d'une verve ironique sans pitié aucune, dans un style et une structure d'une étonnante modernité. Sa lucidité satirique annonce une Allemagne gangrénée par les braillements de ces pharisiens de la nationalité face à une modernité qui va beaucoup trop vite et où tout se crispe : identité contre cosmopolitisme, racines et traditions contre mouvante modernité, classes sociales sacrifiées contre nantis et profiteurs, empire contre république… Ce vautour ressemblait, à s’y méprendre, à l’aigle de Prusse ; cramponné sur mon corps, il me dévorait le foie dans la poitrine.

Poème empreint aussi de nostalgie au fil de ses pérégrinations : ni régionaliste, ni universaliste, c'est d'une patrie idéale qu'appelle Heine de ses vœux, humaniste et tolérante.

 C'est à Paris que l'Allemagne lui manque (Le vin du Rhin me rend tendre et chasse de ma poitrine  tous  soucis, il  y  infuse  l’amour  de  toute l’humanité), c'est en Allemagne qu'il regrette Paris (Oh ! que ne suis-je, soupirai-je, que ne suis-je chez moi, près de mon excellente femme, à  Paris, dans le faubourg Poissonnière). Heine est une lumineuse passerelle entre ces deux cultures, lui qui jetait des ponts pour conjurer ses propres déchirures, celle d'être un juif acculturé converti au protestantisme, un libéral monarchiste féru d'humanisme et un allemand francophile exilé, revenu puis encore exilé. Dans cette œuvre, il orchestre avec virtuosité tous les paradoxes qui le tiraillent.

George Grosz qui reprendra en 1917-1919 le titre de ce poème de Heine pour un fameux tableau y peindra avec un génie expressionniste inouï ce que le poète avait pressenti des chaos allemands et de ce qu'ils allaient un jour brutalement enfanter. La terre est aux Français et aux Russes ; la mer obéit aux Anglais ; mais nous autres Allemands, nous régnons sans rivaux dans l’empire éthérique des rêves : la puissance industrielle, intellectuelle et militaire allemande un jour réclamera son dû. Heine et Grosz l'ont tous deux magistralement prédit.

https://www.senscritique.com/livre/Allemagne_un_conte_d_hiver/critique/255038033

[SOPH]

vendredi 10 septembre 2021

CUENTOS COMPLETOS - Carlos Eduardo ZAVALETA

L'oeuvre du nouvelliste Carlos Eduardo Zavaleta, réunie dans les trois volumes de Cuentos Completos, est immense et passionnante : nouvelles d'inspiration andine ou urbaine, elles démontrent une constante volonté de rénovation stylistique et thématique.
L'auteur dévoile en filigrane un Pérou aux rapports humains violents mais aussi aux mille visages métissés comme une source prioritaire d'inspiration. L'inquiétude traverse sa narration, tension permanente entre un mode de vie rural et une course chaotique vers la modernisation.

[PHIL]

 

ANDANDO EL TIEMPO - Eraclio Zepeda

La poésie imagée et sensuelle des dix contes d'Eraclio Zepeda invite à la fusion avec le monde et jongle habilement avec le réalisme magique cher à la littérature latino-américaine, la fantaisie populaire et la tradition orale. C'est talentueux, inventif et l'auteur n'hésite pas à y inviter l'humour dans un hymne à la tradition populaire du Chiapas.  [PHIL]

 

"Todo viene de allá : del África y los barcos negreros, del corazón, del Ylolotl, de los barracones dolidos de los esclavos, del sol nocturno de los incendios de los cañaverales, de la guerra y la paz buscada, de la invención de todo un pueblo para construir un instrumento, su instrumento."

 

https://www.babelio.com/livres/Zepeda-Andando-el-tiempo-Antologia-personal/1355505/critiques/2762531 

 Jetons un voile pudique sur cette scène d'une rare violence (Astérix chez les Belges)... [SOPH]



  Céline, ce capitaine Haddock surclassé Je ne déteste pas L. F. Céline, encore moins pour les étiquettes qu'à raison on lui colle, je ...