Premier roman de Carlos Fuentes, véritable biographie de la ville de Mexico et du présent mexicain, ce livre, sorte de roman-collage, entame un parcours ironique dès son titre : la plus limpide région, emprunté à Alfonso Reyes qui avait repris l'expression aztèque de limpidité de l'air du plateau du Mexique. Or l'air y est pollué, la violence obscure, la corruption bien sombre et le désespoir aussi noir que la perdition.
Au chaos urbain de Mexico, Carlos Fuentes répond par une composition en kaléidoscope où l'espace et le temps sont fragmentés.
Pas de héros mais une histoire collective aboutissant à un être collectif, avec une interrogation majeure sur la trahison de la révolution mexicaine, mêlant les obsessions préhispaniques aux inquiétudes existentielles contemporaines. Volontiers polyphonique, le discours sur cette tour de Babel qu'est Mexico laisse transparaître l'antique Tenochtitlan, révélant un thème majeur dans toute l'oeuvre de Fuentes : les tensions. Tensions entre désir et objet, entre individu et collectivité, tension entre le mythe et l'histoire.
[SOPH]
Photo : Dennis Hopper, Mexico (Sculpture of Christ), 1965, © The Hopper Art Trust
https://www.babelio.com/livres/Fuentes-La-plus-limpide-region/99763/critiques/1202498
Dennis Hopper, Mexico (Sculpture of Christ), 1965, © The Hopper Art Trust
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