Roman monstre, issu d'autres romans et engendrant
d'autres romans ; roman de roman, à la fois ouvert et fermé, sorte de
haïku tentaculaire et labyrinthique de plus de mille pages où tout est
permis et envisageable, entre digressions et mises en abyme, 2666 est
une épopée inquiétante, hantée par un trou noir intellectuel qui
interroge les liens entre création, littérature, Histoire et réalité,
inspiré en partie du livre Les os dans le désert de Sergio González
Rodríguez.
Tenter de saisir le réel pour le perdre, lutter pour
accéder au livre absolu, littérature presque quantique et multiverselle,
ce livre est une énigme sans solution, à la recherche de la théorie
unificatrice de tous les univers écrits : dans un monde qui s'épuise de
travailler à sa survie, on frôle la révélation, mais athée, la cause
perdue d'avance, celle qui nomme tout et n'y croit pourtant pas. Car
Roberto Bolaño ne croit pas en l'art, y compris littéraire, pas plus
qu'en ses critiques ou dans les prétentions de ses auteurs, et l'ironie à
ce sujet dans 2666 est aussi jubilatoire que dévastatrice, sorte
d'ultime effort de l'auteur pour sublimer le silence.
Quatre
professeurs de littérature ont en commun la fascination pour l'oeuvre de
Benno von Archimboldi, un énigmatique écrivain allemand de renommée
internationale, exilé au Mexique. Sur ses traces, ils se rendent en
pèlerinage à Santa Teresa, incarnation fictionnelle de Ciudad Juarez, la
ville des femmes assassinées en série… 2666 est une enquête
philosophique qui avance sur les cadavres de notre civilisation, sa
perte et sa déliquescence, en un immense travelling le long des ruines
d'une culture qu'invoquent la trahison d'une bavarde littérature
contemporaine et son terrible et vain simulacre de salut. - (ED. CHRISTIAN BOURGOIS, on le trouve aussi chez FOLIO)
PHIL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire